Le Prix Wepler - Fondation La Poste

Récompense la littérature contemporaine

« Ce qui ne peut être évité, il faut l’embrasser »

William Shakespeare

 

Le prix Wepler-Fondation la Poste vise à offrir à des auteurs contemporains une renaissance dans une époque trop souvent obstruée par une forme de confusion entre valeur commerciale et envergure littéraire.

Seule, en août 1998, j’ai créé ma librairie tout en prenant conscience d’une autre solitude : celle d’écrivains majeurs qu’il fallait faire apparaître davantage, soutenir plus fort encore et bien au-delà des quatre murs de ma librairie…

Chaque écrivain sélectionné depuis maintenant 26 ans, travaille avec une exigence qui les éloigne des conformismes de lecture dominants et je me devais d’inventer une odyssée particulière pour élargir leur lectorat et les mener à une consécration.

D’où la Fondation de la Poste, son généreux mécénat financier et sa force de frappe capable de diffuser largement le contenu de nos débats, d’où la célèbre brasserie littéraire du Wepler, reine de la Place Clichy ! Durant vingt-six ans, inlassablement, devant six cent personnes, nous y avons fêté des auteurs sélectionnés ou lauréats…

 

 

C’est avec l’irréductible énergie de la librairie des Abbesses et de ses amis, la détermination de Philippe Whal, Anne-Marie Jean, Marilyne Girodias et Patricia Huby de la Fondation la Poste, celle de Christophe Joulie, Philippe Deana et toute leur équipe de la brasserie Wepler, mais aussi et surtout grâce au talent sans concession des auteurs que nous avons franchi ensemble, comme dans un songe, le cap des vingt-six ans.

Grâce à trois cent jurés, cinquante écrivains couronnés, plus de cinq cent librairies ayant ouvert leurs tables à nos sélections et à nos lauréats, la complicité indéfectible et éclairée des éditeurs, le soutien visionnaire des journalistes,les 325 000 euros de mécénat, nous avons pu nous inscrire dans la durée !

Vingt-six ans, c’est l’heure de l’inventaire ! Non pas pour poser nos bagages mais pour conquérir avec ces bagages un nouveau quart de siècle. Forts de nos joyaux littéraires les plus précieux : le seul trésor que nous avons amassé, ces cinquante écrivains couronnés.

Nous ne regrettons pas nos ébullitions du moment, nos joutes, et réaffirmons la portée symbolique de ces distinctions qui n’avaient d’autre ambition que de redéfinir l’inépuisable, l’entêtant, l’énigmatique champ des possibles de la littérature contemporaine. Et il va de soi que dans le cadre d’un prix littéraire qui doit préserver l’authenticité d’une libre réflexion sur l’Art, il est mieux d’éloigner les insidieux à priori commerciaux et intellectuels.

Un des principes fondateurs de notre Prix est donc de remettre la littérature au centre du débat. Dans cet esprit, nous avons mis au point un système de jury tournant, hormis le bureau permanent des personnes organisatrices. Ce qui évite cet écueil : que le jury finisse par devenir plus important que le livre élu…

A travers leurs choix, nos jurés, privilégient la bravoure de maquisards de la littérature qui nous ont ouvert des horizons insoupçonnés. Cette démarche est renforcée par la création d’une Mention spéciale récompensant une tentative marquée par une formidable hardiesse !

      

Discours du prix Wepler, Thomas Clerc

Mesdames et Messieurs les membres du jury,

C’est un grand plaisir et un bel honneur que vous me faites en couronnant mon livre Paris, musée du XXIe siècle, le 18e arrondissement, paru depuis cette rentrée aux Editions de Minuit. J’en suis extrêmement touché. Certains pourraient en conclure un peu rapidement qu’il s’agit d’une récompense régionale. Eh bien non ! Certes il s’agit bien, comme indiqué sur la 4e de couverture, d’une description intégrale des 425 rues de ce quartier bien connu de Paris, mais comme je n’ai mis que trois ans à l’écrire je me suis dit que j’avais dû, dans ma hâte, oublier pas mal de choses : et en effet, je m’aperçois avec consternation que j’ai oublié de mentionner :

ma visite à l‘Arena de la Porte de La Chapelle pendant les jeux olympiques de badminton, le graffiti « Hourra ! vive l’argent ! » déposé sur le CIC de la rue Ordener, j’ai oublié le pied-à-terre de Georges Bataille 74 rue Vauvenargues, j’ai oublié la « pâtisserie/confisserie » (sic) de la rue de Suez, j’ai oublié le chien Guinness du gérant de la Vieille pie, j’ai oublié de décrire le barbier égyptien qui dessine dans la mousse à raser des signes cabalistiques sur mes joues en feu pendant qu’il me rase, j’ai oublié le lupanar de fortune qui a poussé récemment pour soulager les pauvres bougres de la place Torcy, j’ai oublié l’inscription du nom de mon psychanalyste dans la pierre du 17 rue Marcadet, la camionnette des chiffonniers bulgares, les joueurs de Loto qui déchirent consciencieusement leur tickets à côté du Pactole, j’ai oublié que la poissonnerie de la rue Duhesme vend le kilo de lotte au prix record de 68 euros, j’ai oublié les conducteurs des bus 35, 38, 40, 60, l’appartement de Nicole Notat, mon intronisation dimanche dernier à la République de Montmartre, et la chanson d’Yvette Guilbert « cligne en haut ! cligne en bas ! cligne en court ! » — et bien d’autres choses encore, mais qu’à cela ne tienne (an men, comme disait un cabaretier de l’esprit de Montmartre), je ne ferai aucune retouche ! Il y a déjà bien assez de pages dans mon livre, exactement 615.

En outre, depuis sa parution, quelques rues sont écloses comme ça sans me prévenir…

Malgré ces omissions et ces erreurs (que certains esprits pointillistes prennent un malin plaisir parfois à me signaler), vous avez tenu mesdames et messieurs les membres du jury, à récompenser mon 18e — et je vous en remercie encore.

Je suis particulièrement heureux de recevoir et de fêter ici mon prix dans cette magnifique brasserie Wepler, la plus belle de Paris et je le dis sans flatterie car je le pense.

Je le pense parce que c’est dans cette brasserie que dans une vie antérieure nous avons fêté le mariage de mon ami Bruno Gibert, habitant du 18e, auquel j’ai dédié mon livre. Je le pense parce que j’ai une ascendance de cafetier/hôtelier/restaurateur  qui a été un élément sensible du décor de mon enfance : mon père Maurice Clerc, qui vécut rue Ramey, fut directeur financier du Club Méditerranée, et mon frère Thierry dirigea la Claire fontaine à La Garde-Freinet, dans le Var, là même où Patrick Modiano écrivit le début de La Place de l’étoile en 68. Nous ne sommes pas Place de l’étoile mais place de Clichy au Wepler 522.53.24 ou 522.53. 28 (pour ceux qui croient que j’invente, j’ai la preuve en mains : l’annuaire officiel des abonnés au téléphone 19 cent soixante-dix-huit évidemment)

Je le pense, enfin, parce que dans une première version du livre, j’entamais mon odyssée par l’Ouest de l’arrondissement et me déplaçant vers l’Est, je commençai par la Place Clichy et son Wepler en parodiant le début du Voyage au bout de la nuit « ça a débuté comme ça ». Puis sur les avisés conseils de mon cher éditeur, que je salue ici, Thomas Simonnet, j’ai inversé l’ordre des quartiers, commençant par le mien, La Chapelle, et terminant par celui-ci, les grandes Carrières, ce qui fait que la fin du livre devient le début de soirée.

J’espère, plus sérieusement, avoir un peu dépassé le seul échelon local avec ce 18e qui n’est pas plus le mien que le vôtre, et curieusement, je n’ai jamais eu cette crainte car je savais que le 18e contient tous les autres arrondissements, contient toutes les autres villes, et toutes les autres capitales du monde, bref réunit même celles et ceux qui n’ont jamais ni gravi la Butte ni franchi les portes du Wepler.

Comme vous le savez, nous sommes à deux pas de l’ex Gaumont-Palace, où mon grand-père René m’emmena à plusieurs reprises dans les années 70, avant sa démolition scandaleuse. Pour aller au cinéma, nous allions à pied de la rue Ramey à la place Clichy; bien sûr nous n’allâmes jamais ensemble au Wepler interdit aux enfants, car sa dominicale mission consistait à me divertir : je me souviens de trois films que nous vîmes ensemble au Gaumont-Palace : Un violon sur le toit (une comédie musicale), les 10 commandements, et, comme je mentionne à la page 590 du livre que je ne me souviens plus du troisième film que nous regardâmes ensemble, je m’en souviens à présent : il s’agissait de la pitoyable comédie troupière de Robert Lamoureux Mais où est donc passée//la 7e compagnie? — n’oublions que nous sommes le 11 novembre. Bien pénible dut sembler à mon grand-père cette grosse farce militaire, lui qui avait fait la guerre de 14 comme prisonnier dans des conditions terribles.  C’est à lui que je pense ce soir et c’est lui, d’ailleurs, qui clôt mon livre, dont la mélancolie se cache en embuscade, je crois, derrière le rythme, comme un alexandrin se cache dans le titre de la comédie précitée, si vous avez l’oreille…

Mais puisque les noces du plaisir et de la littérature ne sont plus à démontrer, et que je ne tiens pas à garder la parole plus longtemps, je cèderai la parole à Francis Carco, l’auteur bien connu de Jésus la Caille : « quand je n’aurai plus rien à dire, je prendrai une boîte à Montmartre ! »

Encore merci à toutes et à tous

Vive le 18e !

Vive le prix Wepler

Vive la littérature !

 

 

26 ANS PRIX WEPLER FONDATION LA POSTE 2024

Marie Rose Guarnieri

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Le Prix Wepler Fondation La Poste 2023

Lucie Baratte, Roman de ronce et d’épine Éditions du typhon

Louise Bentkowski, Constellucination Édtitions Verdier

Louise Chennevière, Pour Britney Éditions P.O.L

Thomas Clerc, Paris, musée du XXI e siècle. Le dix-huitième arrondissement Éditions de Minuit

Julia Deck, Ann d’Angleterre Éditions Seuil

Sébastien Dulude, Amiante Éditions La Peuplade

Laure Gauthier, Mélusine reloaded Éditions Corti

Nina Leger, Mémoires sauvées de l’eau Éditions Gallimard

Célestin de Meeûs, Mythologie du .12 Éditions du Sous-sol

Mariette Navarro, Palais de verre Quidam éditeur

Bérénice Pichat, La petite bonne Les Avrils

Eliot Ruffel, Après ça Éditions de L’Olivier

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LE WEPLER 14 Place de Clichy – 75018 Paris

Spécialistes des fruits de mer et plats traditionnels français

Le Wepler est ouvert tous les jours toute l’année. Service continu de 7h30 à minuit. (jusqu’à 1h du matin vendredi et samedi)

L’esprit du prix Wepler

Nous récidivons dans notre action en pérennisant ce qui nous a différencié de bien d’autres prix : le renouvellement intégral du jury, sa mixité de lecteurs et de professionnels, son indépendance, son engagement et son exigence visionnaire qui explore sans limite aucune les territoires de la création romanesque, en prenant  le risque d’une langue neuve
Nous tenterons encore cette année de mettre en valeur une diversité incomparable d’auteurs et d’éditeurs dont nous espérons contribuer à l’émergence dans l’histoire contemporaine de la littérature.
Douze auteurs nominés que nous encouragerons encore par un mécénat financier de 10 000 euros pour le Prix et 3 000 euros pour la mention spéciale grâce à la Fondation La Poste, la brasserie Wepler et la librairie des Abbesses.Douze auteurs inclassables mais éblouissants, inaccessibles mais bouleversants… D’ores et déjà vous pouvez noter la date de la remise du prix :

La philosophie du Jury

Le prix Wepler rend hommage à la littérature des écrivains contemporains ou du passé comme Céline, Prévert, Boris Vian, Max Jacob, Paul Verlaine, Henry Miller…
Des académiciens aux institutions, tous ont trouvé refuge à Montmartre. A la mesure de sa tradition libertaire, le prix représente cette ouverture politique de mécénat culturel et d’initiative privée. En soutenant des oeuvres difficiles et dont la visée n’est pas uniquement commerciale, cette initiative permet à la langue de sortir du marketing.

Grâce à la Fondation La Poste, ce Prix est doté d’une somme de 10 000 euros ainsi que d’une somme de 3 000 euros pour la mention spéciale accordée à un livre se distinguant par son caractère inclassable.

Rétrospective

C’est en 1998, année de sa naissance, que la librairie des Abbesses fait appel à la Fondation La Poste, mécène audacieux reconnu pour sa grande variété d’initiatives culturelles et éditoriales, ainsi qu’à la brasserie Wepler, reine de la Place Clichy et lieu mythique d’ancrage de nombreux écrivains contemporains ou du passé, dont Céline, Prévert, Boris Vian, Max Jacob, Francis Jammes, Stéphane Mallarmé, Paul Verlaine, Henry Miller….Tous ont défié les académiciens et institutions de leur époque, et trouvé refuge à Montmartre…
En hommage à leur littérature, une troïka originale a donc vu le jour entre une librairie indépendante, une brasserie renommée et une entreprise publique emblématique ! vingt-six ans déjà et 52 auteurs primés qui ont été encouragés par un mécénat. 52 auteurs inclassables mais éblouissants, inaccessibles mais bouleversants…
Dans un perpétuel esprit de curiosité, le Prix Wepler-Fondation La Poste tente à sa façon de travailler les fatales lacunes d’une réception littéraire. Son ambition ? Défendre un point de vue sur la littérature qui place haut l’aventure verbale.

Les prix décernés

Aujourd'hui

Le prix

Thomas Clerc, Paris, musée du XXI e siècle. Le dix-huitième arrondissement Éditions de Minuit

2024

Mention spéciale

Célestin de Meeûs, Mythologie du .12 Éditions du Sous-sol

Le prix

Elisa Shua Dusapin, Le vieil incendie Zoé

2023

Mention spéciale

Arthur Dreyfus, La Troisième Main POL

Le prix

Anthony Passeron, Les Enfants endormis Éditions Globe

2022

Mention spéciale

Lucie Rico, GPS Éditions P.O.L

Le prix

Antoine Wauters, Mahmoud ou la montée des eaux Éditions Verdier

2021

Mention spéciale

Laura Vazquez, La semaine perpétuelle Éditions du Sous-Sol

Le prix

Grégory Le Floch, De parcourir le monde et d'y rôder Christian Bourgeois

2020

Mention spéciale

Muriel Pic, Affranchissements Seuil

Le prix

Lucie Taïeb, Les échappées éditions de l'ogre

2019

Mention spéciale

Bruno Remaury, Le Monde Horizontal éditions Corti

Le prix

Nathalie Léger, La Robe Blanche POL

2018

Mention spéciale

Baertrand Schefer, Série noire POL

Le prix

Guillaume Poix, Les Fils conducteurs Verticales

2017

Mention spéciale

Gaël Octavia, La fin de Mame Baby Gallimard

Le prix

Stépahe Audeguy, Histoire du lion Personne Seuil

2016

Mention spéciale

Ali Zamir, Anguille sous roche Le Tripode

Le prix

Pierre Senges, Achab (Séquelles) Verticales

2015

Mention spéciale

Lise Charles, Comme Ulysse POL

Le prix

Jean-Hubert Gailliot, le Soleil L’olivier

2014

Mention spéciale

Sophie Divry, La Condition pavillonnaire Noir sur Blanc

Le prix

Marcel Cohen, Sur la scène intérieure Faits aux éditions Gallimard

2013

Mention spéciale

Philippe Ramhy, Béton armé Editions de la Table Ronde

Le prix

Leslie Kaplan, Millefeuille P.O.L

2012

Mention spéciale

Jakuta Alikavazovic, La blonde et le bunker Editions de l’Olivier

Le prix

Eric Laurrent, les Découvertes Editions de Minuit

2011

Mention spéciale

François Dominique, Solène Verdier

Le prix

Linda Lê, Cronos Christian Bourgois éditeur

2010

Mention spéciale

Jacques Abeille, Les jardins statuaires Éditions Attila

Le prix

Lyonel Trouillot, Yanvalou pour Charlie Actes Sud

2009

Mention spéciale

Hélène Frappat, Par effraction Allia

Le prix

Emanuelle Pagano, Les mains gamines P.O.L

2008

Mention spéciale

Céline Minard, Bastard Battle Éditions Léo Scheer

Le prix

Olivia Rosenthal, On n’est pas là pour disparaître Verticales

2007

Mention spéciale

Louise Desbrusses, Couronnes, boucliers, armures P.O.L

Le prix

Pavel Hak, Trans Seuil

2006

Mention spéciale

Héléna Marienské, Rhésus P.O.L

Le prix

Richard Morgiève, Vertig Denoël

2005

Mention spéciale

Zahia Rahmani, “Musulman” Roman Sabine Wespieser Éditeur

Le prix

François Bon, Daewoo Fayard

2004

Mention spéciale

Jean-Louis Magnan, Anti-Liban Verticales

Le prix

Éric Chevillard, Le vaillant petit tailleur Minuit

2003

Mention spéciale

Alain Satgé, Tu n’écriras point Seuil

Le prix

Marcel Moreau, Corpus scripti Denoël

2002

Mention spéciale

Thierry Beinstingel, Composants Fayard

Le prix

Yves Pagès, Le théoriste Verticales

2001

Mention spéciale

Brigitte Giraud, À présent Stock

Le prix

Laurent Mauvignier, Apprendre à finir Minuit

2000

Mention spéciale

Richard Morgiève, Ma vie folle Pauvert

Le prix

Antoine Volodine, Des anges mineurs Seuil

1999

Mention spéciale

Vincent de Swarte, Requiem pour un sauvage Pauvert

Le prix

Florence Delaporte, Je n’ai pas de château Gallimard

1998